Moulin à huile et à blé, puis minoterie de Gassotte, aujourd'hui camping et maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Saint-Savin

Le moulin de la Gassotte (parfois orthographié Cassotte) est l'un des seuls moulins de la vallée de la Gartempe à avoir été construit au 19e siècle sur un emplacement où aucun moulin n'avait existé au préalable.

Le détail des actes disponibles aux Archives départmentales de la Vienne (7 S 47 et 7 S 100) est regroupé dans une annexe à ce dossier.

Le 15 mai 1855, Jean-Auguste Fruchon, propriétaire d'une usine nouvellement construite à Nalliers, demande l'autorisation de construire un barrage et un moulin. Une première enquête publique est menée en septembre-octobre 1855 et une seconde enquête est prescrite le 10 mai 1856.

Par arrêté préfectoral du 26 juin 1856, Auguste Fruchon " est autorisé à établir une usine destinée à moudre le blé, à faire de l'huile et à battre les grains. [...] Le niveau légal de la retenue est fixé à trois mètre huit centimètres en contrebas d'une encoche faite à 1m50 environ du sol sur un peuplier situé dans l'alignement du mur et de la barrière qui séparent le pré de M. Fruchon pétitionnaire de celui de Mme Vve Fruchon, sa belle-sœur, point pris pour repère provisoire. [...] Le barrage sera placé à 787 m environ en aval du moulin de Saint-Savin ; il formera déversoir sur 80 m de longueur au moins [...] " [voir texte complet en annexe]. " L'usine a été placée à l'extrémité du barrage sur la rive gauche. L'angle d'aval est à l'alignement du pied de la barge, l'angle d'amont à 2,50 m environ en retraire " (récolement du 14 octobre 1858). Les travaux sont achevés début 1857.

Le 23 novembre 1858, par arrêté préfectoral, M. Fruchon est mis en demeure de restituer au lit de la rivière une largeur minimum de 40m50, vannage compris, soit d'effectuer un élargissement de 8m75. Il n'a jamais réalisé ces travaux, mais la réclamation est abandonnée le 21 septembre 1859 par le service hydraulique car cette modification n'aurait d'influence qu'en cas de très forte crue de la Gartempe. Un groupe d'habitants de Saint-Savin avait établi que " l'usine à blé [...] est très avantageuse pour le pays, notamment en ce que, d'un côté, elle procure aux propriétaires un écoulement pour leurs denrées et que, de l'autre, les particuliers trouvent, par la concurrence qu'elle a établie avec les moulins à blé circonvoisins, une assez forte diminution dans la rétribution qu'ils payent aux meuniers auxquels ils sont obligés d'avoir recours pour faire moudre leur blé ".

M. Fruchon est à nouveau rappelé à l'ordre par arrêté préfectoral du 17 août 1860, qui faisait suite à une plainte de riverains (Vincent Chauvin, propriétaire du moulin du bourg, la veuve Guillemot et la veuve Mazereau) pour que M. Fruchon enlève les fagots qui obstruent son barrage. Le 13 août 1861, dans un nouveau procès-verbal de récolement, l'ingénieur constate que le sommet du barrage, qui aurait dû être construit en pierres de blocs plus réguliers que la base du barrage, s'est affaissé et que le niveau de la retenue est maintenu au moyen de fascines retenues par des pierres sur une trentaine de mètres, avec un niveau variant de 0 à 12 cm sous le niveau demandé. Les vannes sont conformes et peuvent être manœuvrées par des crémaillères en fonte. La largeur de la rivière au droit des vannes est réduite à 28,20 m au droit des vannes. Le canal de dérivation n'a pas été construit. Le repère définitif est toujours sur l'avant-bec d'une pile du vannage, son scellement a été renforcé.

Les travaux sont globalement réceptionnés en octobre 1861 après avis favorable de Delafons, ingénieur en chef.

Par " un arrêté du 29 novembre 1868, Mlle Églantine Fruchon a été autorisée à supprimer une des deux roues hydrauliques, à reporter les vannes de décharge dans l'emplacement de cette zone et à prolonger le barrage de l'usine jusqu'aux vannes " (rapport de 1878). La largeur libre des vannes est passée de 3m55 à 3m93 (3m64 autorisée) et la crête du déversoir a été allongée de 4m39. Le seuil des vannes est fixé à 1,29 m en contrebas du repère définitif. Elle est priée de se conformer à la largeur de la rivière exigée dix ans plus tôt à son père, elle ne l'élargit que de 6m51.

Le moulin est détruit par un incendie en novembre 1876 et reconstruit à partir de 1877 pour Églantine Fruchon. Deux enquêtes publiques sont prescrites en 1877 et 1878 pour autoriser Mlle Fruchon à rehausser de 15 cm la crête du barrage, afin d'augmenter la puissance de son moulin à l'occasion de sa reconstruction. Son neveu, M. Desminières, assiste à la visite des lieux en juin 1877. Après la deuxième enquête, en juillet 1878, l'ingénieur constate que " une réclamation d'un certain nombre de riverains du carrefour du vieux pont [...] déclarent s'opposer au règlement proposé, pour le motif que, depuis le règlement de 1856, les crues de la Gartempe ont considérablement augmenté, que les lavoirs publics sont presque impraticables, que les prés voisins du moulin sont rongés par la surélévation des eaux et que la maison de M. Bariat, au carrefour du vieux pont, est envahie par toutes les eaux des crues ordinaires ". De même, le maire de la commune craint l'inondation de l'école des sœurs situé au même carrefour et M. Coyreau des Loges, propriétaire du moulin du bourg, ne veut pas que cette surélévation nuise à l'exploitation de son moulin. L'ingénieur précise que les travaux projetés n'aggraveront pas la situation, avec à l'appui de ses dires des relevés des seuils de plusieurs maisons et le calcul de l'augmentation de la pente de la rivière (0,0010 m / mètre) par rapport à la distance avec le bourg (environ 780 m entre les deux moulins). Lors de la visite des lieux, la crête du barrage était déjà 13 cm au-dessus de la cote légale du barrage. Pour un débit de 34,5 m3 de la Gartempe, la perte de niveau d'eau subie par le moulin du bourg ne serait que de 2 cm.

Des travaux sont prescrits le 25 juillet 1878 et se prolongent, avec divers délais accordés par le préfet, au moins jusqu'en 1883, date où un procès-verbal de récolement des travaux est dressé ; les motifs des reports sont le mauvais temps, les pluies torrentielles de l'hiver 1879-1880, le haut niveau de la Gartempe en 1883. Dans le registre des propriétés foncières, la commune ne compte qu'un moulin imposé en 1882 (celui de la Promenade).

En 1880, l'équipement se compose de quatre meules et une bluterie à main.

Le moulin est transformé en minoterie en 1903 pour M. Guilloteau, et en 1939, le propriétaire en est Henri Peix et la capacité d'écrasement de 80 quintaux par jour. La minoterie cesse son activité en 1961, les bâtiments sont alors transformés en centre de loisirs par la municipalité.

En 1903, trois paires de broyeurs fonctionnent, et la hauteur de chute est de 0,74 m.

En 1939, le matériel comprend 2 broyeurs et 2 convertisseurs Teisset Brault, un fendeur Rose et 5 bluteries, mis en mouvement par une force hydraulique de 40 ch, relayée par un moteur à essence de 25 ch.

La roue hydraulique verticale à aubes courbes d'environ 5 m de diamètre et 3 m de large est encore en place, mais très endommagée.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1857, daté par source

1878, daté par source

Auteurs Personnalite : Fruchon Auguste

Propriétaire et / ou exploitant de plusieurs moulins et passages sur la Gartempe au milieu du 19e siècle.

, commanditaire, propriétaire (attribution par source)

Le moulin de la Gassotte est implanté à environ 600 m en aval du vieux pont de Saint-Savin, et environ 780m en aval du moulin de Saint-Savin (moulin de l'abbaye puis de la promenade). L'usine est implantée sur la rive gauche de la Gartempe, le barrage, d'environ 85 m de long, est oblique par rapport à la rivière, les vannes de décharges étaient installées entre deux piles séparées de 4m39 ; " la roue motrice occupe l'espace compris entre la seconde et le mur de l'usine " (procès-verbal de visite, 1878).

L'atelier de fabrication, à deux étages carrés, comble à surcroît et élévation à troistravées, est couvert d'un toit à longs pans à croupes. Le magasin est en rez-de-chaussée couvert d'un toit à longs pans à croupe.

Le logement patronal à un étage carré est couvert d'un toit à longs pans et à pignon couvert. Il est aujourd'hui transformé en accueil pour le camping.

Un document de 1883 précise que " le niveau légal de la retenue a été établi à un mètre, huit cent quinze millimètres (1m815) en contrebas du dessus du couronnement de la pile en maçonnerie qui sépare les vannes de décharge de l'extrémité du barrage de la Gassotte ", repère provisoire. Le repère définitif, en fonte, " a été posé sur l'angle amont, côté rivière, de l'usine ", donc sur l'angle nord-est du moulin, de manière à être toujours accessible aux pouvoirs publics et " visible des particuliers qui ont intérêt à vérifier la hauteur des eaux ".

D'après l'arrêté de création du moulin et les procès-verbaux de récolement :

- en 1858, " le vannage, d'une largeur totale de 4m30 est normal à la rivière ; le parement intérieur de la pile gauche est à 12m30 de la façade et le parement extérieur de celle de droite est à 18m60. Les avant-becs sont à 1m50 en retraite sur la façade amont " ;

- en 1883, " le barrage formant déversoir a une longueur de 91 m et sa crête est arasée au niveau légal de la retenue ", au lieu des 85 m prescrits ;

- " les vannes de décharge ont une largeur libre de 3m93 et leur seuil est placé à 3m15 en contrebas du repère provisoire ; elles se manœuvrent facilement au-dessus des plus hautes eaux ".

Murs
  1. Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile mécanique
Étages

2 étages carrés, comble à surcroît

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

  2. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon couvert

Énergies
  1. Nature : énergie hydraulique

    Origine : produite sur place

    Machine : roue hydraulique verticale

  2. Nature : énergie thermique

    Origine : produite sur place

État de conservation
  1. établissement industriel désaffecté

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Saint-Savin , 10 rue du 8 Mai 1945

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: la Gassotte

Cadastre: 1978 AB 216, 2015 AB 351

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